E.E.G.plat
Tout manque résolument de couleurs. Tout autour, du gris du plus clair au plus foncé. Fade, terne, banal.
Pas de chaleur non plus. Juste une humidité qui enveloppe tout, tire un voile brumeux d'une homogénéité consternante.
Le paysage est plat. A perte de vue. Plat et morose. Pas même une colline pour en distraire la monotonie.
Pas de vagues. Pas même une légère ondulation. Un tapis gris couleur de ciel.
Le silence aussi. Épais et lourd. C'est à peine si la circulation parvient à le fendre. Elle est routine, rien que routine. Toujours la même. Celle des heures de pointe. Ni plus ni moins.
Pas même un épi rebelle pour donner de la vie à cette coiffure impeccable. Le cheveu s'est fait sage. Trop sage.
Tout est lisse. Impalpable. Inodore. Incolore. Insipide.
Personne pour se soucier de cet homme qui dort recroquevillé dans l'encoignure d'une porte cochère. Il fait partie du décor.
Les larmes qui coulent sur les joues de cette femme sont invisibles aux yeux des badauds. Un moment, elle s'est arrêtée ne parvenant même pas à perturber le flux de la foule qui bientôt la fait disparaître. Pourquoi la faire disparaître puisqu'elle était invisible.